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Monday, July 13, 2020

L'été sans discothèque : la nuit continue malgré tout à Montpellier - Midi Libre

ademsarinyes.blogspot.com

Malgré la fin de l’état d’urgence sanitaire, les discothèques sont toujours fermées et le resteront jusqu’en septembre. Les noctambules ne les ont pas attendues et se tournent vers d’autres propositions.

Il ne reste plus beaucoup de cheveux aux patrons de discothèques. Ils sont toujours condamnés à se les arracher pendant que la nuit festive reprend peu à peu ses droits sur le Covid-19. Sans qu’ils soient invités.

Attendre septembre ou passer en bar de nuit

Quatre mois après leur fermeture et trois étapes de déconfinement plus tard, les célèbres clubs montpelliérains n’ont toujours pas rouvert leurs portes. Ils devront attendre septembre, ou décider de passer en "bar de nuit" et de fermer à deux heures du matin.

Un vide juridique encadrant certains tiers-lieux privés

"Le coronavirus nous a montré l’importance de la nuit pour se rencontrer, affirme le géographe Luc Gwiazdzinski, alors les gens trouvent d’autres solutions". Et ces opportunités existent.

Profitant de l’autorisation donnée aux bars ou au vide juridique qui encadre certains tiers-lieux privés, la fête est repartie. Parfois à l’intérieur, bien plus près que ne le préconisent les distanciations sociales et sans masque.

Au fil de la musique urbaine des bars à narguilé, des flots d’une croisière électro sur le littoral montpelliérain, de la chaude ambiance d’une soirée de musiques actuelles dans une ancienne friche industrielle ou de l’exclusivité d’un moment dans un mas “sélect” ; reportage dans ces lieux qui fêtent le début de cet été 2020 si particulier. La nuit ne s’est pas arrêtée, sauf quand elle est en boîte.

Halle Tropisme : Piñata Radio fait danser sous les étoiles

Devant le studio-cabane, la foule danse aux sons de Piñata Radio
Devant le studio-cabane, la foule danse aux sons de Piñata Radio - Juliette Voisin

Il est 22 h, certaines personnes hésitent à abandonner la longue file d’attente qui s’est formée devant la Halle Tropisme ce mercredi 8 juillet. À en croire une jeune fille inquiète "ils font rentrer 15 personnes toutes les 15 minutes…" Au loin, la musique se fait entendre et la perspective de danser est plus forte que l’attente.

Comme tous les mercredis de l’été, Thomas Manzarek et Maxime Ryckwaert de Piñata Radio ouvrent les fenêtres de leur studio-cabane qui donnent sur le grand espace extérieur de la Halle Tropisme pour une soirée gratuite. "Nous avons installé le studio de Pinata Radio dans cet espace en avril", explique Maxime Ryckwaert co-fondateur de la radio.

Avant le Covid, je ne sais pas si autant de monde aurait été présent

"La soirée d’inauguration début juin a bien marqué le public", raconte Maxime. "Avant le Covid, je ne sais pas si autant de monde aurait été présent. La Halle tropisme permet de faire la fête en respectant le monde en termes de jauge. Au départ, ce n’était pas destiné à être une soirée comme ça l’est aujourd’hui. C’est un afterwork. Je pense que le Tropisme est d’abord un lieu de journée et de fin de journée. La nuit s’arrête assez tôt là-bas. Cela permet de faire connaître la radio et de sonoriser le bel espace extérieur de la Halle Tropisme", se réjouit-il. 

"C’était inimaginable il y a quelques mois"

Devant les trois bars installés pour l’occasion, la file s’allonge. Devant la scène, sur la piste de danse en plein air une foule compacte de jeunes bouge sur les airs remixés entre autres d’Aya Nakamura ou d’Afro B. Manon, 22 ans, Parisienne en vacances dans le Sud, danse pleine d’énergie : "Une soirée comme ça c’était inimaginable il y a quelques mois. C’est super. Le seul problème, il y a eu beaucoup d’attente. Je ne sais pas si c’est comme ça à chaque fois."

Seul bémol, la musique s’arrête à 23 h, trop tôt pour les fêtards. S’ils veulent continuer la nuit, le lieu reste ouvert jusqu’à 1 heure du matin. Les noctambules font entendre leur déception d’un "oh". Ils quittent peu à peu la piste de danse pour boire un dernier verre sous les étoiles. 

Bar à chicha : "Ici, il n'y a pas de discrimination"

Posés sur la table, trois narguilés. Savannah, Hannah et DJ Nino portent à la bouche leur pipe à eau. Des volutes de fumée parfumée s’élèvent au-dessus d’eux. “La chicha, c’est convivial, c’est posé”, lance Savannah, 22 ans. Habituée de L’Empire, la Montpelliéraine confie venir du lundi au jeudi en été. “Bon, aujourd’hui, on est samedi, mais je suis là aussi”, plaisante la jeune brune aux yeux bleus.    

Rue du Lantissargues à Montpellier, des dizaines de voitures affluent en continu dans cette petite voie sans issue à l’entrée de laquelle un agent de sécurité tente d’orienter, non sans mal, les automobilistes vers une place de parking. Des groupes d’amis sortent des véhicules, garçons en jean et t-shirt et filles en robe moulante, puis se dirigent vers les divers bars à chicha d’où émanent de la musique et des rires.

De nouveaux clients

Devant L’Empire, un des établissements de la rue, la file d’attente s’allonge au fil des minutes. “On a pas mal de touristes : des Parisiens, des Toulousains, des Marseillais. Avec les boîtes qui sont fermées, on a aussi une nouvelle clientèle”, affirme le gérant, muni d’une oreillette.

Et d’ajouter, avant d’être rapidement happé par son équipe : “Ma fierté est qu’une personne sorte avec un plus large sourire que celui avec lequel elle est rentrée. La nuit, c’est avant tout du divertissement.”

Sur la terrasse de l’établissement, des groupes se sont installés dans les canapés et fument la chicha. Sur la table devant eux, un soda ou une bouteille d’eau. Beaucoup ont l’habitude de fréquenter le lieu.

Plutôt que les discothèques. “On n’a pas besoin de dépenser des mille et des cents pour s’asseoir, avance Savannah. Et on peut parler plus facilement avec le DJ”. À côté d’elle, DJ Nino, qui mixe depuis un an à l’Empire, partage son avis. “En boîte de nuit, je ne peux pas jouer pointu. Alors que là, il y a plus de puristes musicaux, je peux mettre du hip-hop, du rap et de l’afro”.

L'essor des chichas

À quelques mètres de là, près de l’entrée, deux amies, originaires de Paris. Elles sont déjà venues la veille, et sont habituées à ce genre d’endroit dans la capitale. “On vient ici après manger, ça fait une sortie. On ne va pas dans la partie club, on fume et on part”, lance Claire, 28 ans, blonde aux yeux bleus. Et de poursuivre, en riant : “Maintenant, on ne boit plus, on a grandi”. Elles partiront tôt, bien avant la fermeture, à 2heures du matin.  

Sofiane et Jaffar sont, eux aussi, originaires de Paris. Le premier confie fumer "pratiquement une chicha par jour". Une pratique venue du Maghreb et du Moyen-Orient qui séduit de plus en plus en France, comme le constate le second. "Maintenant, tout le monde y va. Il n’y a pas de barrière".

Des propos corroborés par le gérant de l’établissement : "J’ai des Maghrébins, des Noirs, des Blancs, des Chinois. C’est le concept de l'établissement, il n’y a pas de discrimination". Et Jaffar de donner l’exemple d’une chicha récemment ouverte à Paris où "ils mettent de la variété française, comme les Fréro Delavega". À l’intérieur de l’Empire, un nouveau morceau de RnB retentit.

Au Mas du Cheval, “la détente et faire l’amour !”

Un flot de rugbymen envahit le mas. Le champagne coule à flots. Des t-shirts se déchirent et volent. La soirée s’enivre. Le dance-floor s’enflamme. "On a fait la fête la semaine dernière, celle d’avant, celle d’encore avant… Et on la fera la semaine prochaine !", insiste Indira, la petite quarantaine.

Un peu plus tôt, la queue s’allonge devant l’entrée du Mas du Cheval, à Lattes. Vendredi soir, 21 h, la maison affiche complet. "Depuis lundi", indiquent les responsables. Le lieu compte sur ses habitués, même si la capacité d’accueil est restreinte à cause des conditions sanitaires : "700 personnes après Covid, contre 1 000 à 1 300 avant".

Les clients sont installés à leur table. Le DJ se met aux platines. Lumières d’ambiance allumées, les serveurs sortent de tous les côtés avec d’immenses plateaux de tapas en main et des seaux de champagne avec des bougies fontaines. La fête peut commencer.

Indira retrouve ses amies Fatiha, Niajet et Virginie, au milieu du jardin. Elles comptent bien profiter de leur nuit. Enfin, de leur soirée. “La nuit, c’est quand il fait noir.” Pour l’heure, elles trinquent et discutent. “Pour nous, la nuit c’est la musique, la distraction, voir et rencontrer du monde, boire un verre, faire des connaissances, la détente… Faire l’amour, par la même occasion !”

"Profiter de l’instant présent"

À l’intérieur, Djamel et Morgan s’apprêtent à grailler dans leur gigantesque plateau. “La nuit, c’est un exutoire. L’alcool y joue aussi. En soirée, on oublie les problèmes du quotidien. C’est le moment où on se relâche et où tout le monde se mélange.” Le mélange, pas un souci, même un challenge pour Lise, Chloé et Claire. “Ce qu’on aimerait faire mais qu’on n’ose pas dans la nuit ?

Choper tout le monde !”, avouent-elles dans un grand éclat de rire. Arriveront-elles à leur fin ? L’histoire ne le dit pas. De leur côté, Pierre-Yves, Eric et Conrad laissent parfois traîner un œil discret sur les personnes assises aux tables environnantes. "Mais les gens sont là pour boire un verre. De toute façon, avec mon physique, je ne peux plus rien faire !”, rigole Conrad. Il insiste : il n’est ni le sosie de Philippe Lucas, ni celui de Didier Raoult. “On ne se prend pas au sérieux, il faut profiter de l’instant présent".

Before sans after

La fête bat son plein jusqu’à la fermeture. "Vers 1 h, les gens partent et ne rechignent pas", constate Conrad. Lise est plus nuancée sur la suite de la nuit, sans possibilité d’aller en discothèque : "Après la fermeture des bars, les gens crient pour savoir où il y a un after".

Mais Thibault Huc, responsable du mas, souligne que terminer la fête vers 1h30 du matin permet aux clients “de profiter de la journée du lendemain”. Et pourquoi pas revenir et faire monter la fièvre, le samedi soir.

Electro au large

À 23 h 30, ce doit être la sixième fois que la musique coupe. Le public, une fois de plus, hurle et demande la reprise du son. Mais pas cette fois : organisateurs et machinistes s’affolent et il semble que les moteurs ne soient pas assez puissants pour assurer l’ambiance et le retour à quai.

La scène ne se produit pas dans une boîte de nuit, mais sur un bateau. Sur le littoral gardois, des catamarans proposent, pour 25 euros, une soirée en mer de quatre heures avec musique et grillades. Les boissons sont disponibles à la carte, à des prix comparables à ceux d’une discothèque. "Les clubs sont fermés, donc là, ça permet de faire la fête et de passer une bonne nuit", sourit Eric*, un client.

L’Avignonnais a laissé son fils à la maison pour grimper sur le pont et danser au son de l’electro. Ce soir de juillet, ils sont plus de 120 à s’amasser. Masques et gestes barrières sont passés à la trappe. "On a un peu dépassé la jauge", plaisante l’un des organisateurs.

Poppers et casino

Après une longue queue pour embarquer, le bateau prend le large, direction la pointe de la plage de l’Espiguette pour y jeter l’ancre. Pendant une heure, chacun peut descendre l’échelle depuis la proue du bateau et boire son verre les pieds dans l’eau. Le moment idéal pour une story Instagram qui fera rougir d’envie ses abonnés. " C’est top, le cadre est génial. Mais mes collègues ont débouché le champagne en avance, ça porte malheur ! "

Morgane* est venue, avec ses collègues d’un casino de bord de mer, fêter son anniversaire. Antoine*, son compère du bar, s’amuse avec les coupes et les bouteilles de champagne. À mesure que la nuit avance, la température baisse, mais le niveau d’alcool augmente. Une odeur familière revient parfois : celle du Poppers (un vasodilatateur détourné à usage récréatif, N.D.L.R.), vendu 15 euros à la carte.

Dans l’obscurité de la nuit, Joris*, Loïc*, Théo* et Maxime* déboulent avec des bougies scintillantes pour, eux aussi, fêter l’anniversaire d’une amie. Nîmois, comme les organisateurs (qui possèdent un établissement en centre-ville de Nîmes), ils sont descendus en bord de la mer. À 18 ans, ils comptent bien profiter de l’été. " On fait la fête, on s’en fout. On est là pour profiter ! " Tout sourire, ils débarquent sur le quai rassasiés. Comme si un manque avait été enfin comblé.

*Les prénoms ont été modifiés



July 14, 2020 at 12:51AM
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un soda

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